« Il s’arrêta pour vérifier s’il n’avait pas oublié quelque chose. Il ne lui semblait pas : tout était en ordre, prêt pour la rentrée après les longues vacances de Noël de cette année. Ses collègues avaient l’air excités et heureux de cette longue pause. Neil n’était pas content : pour lui ce serait une longue succession de jours de solitude, et être seul quand tout le monde s’amuse, quand la fête est partout, c’est encore plus dur. Betty l’avait invité mais il lui avait dit qu’il allait dans sa famille et il avait décliné son invitation. En fait, il ne voulait pas que ses collègues sachent qu’il était seul, qu’il n’avait personne, qu’il ne recevrait ni ne ferait aucun cadeau de Noël, comme c’était le cas depuis des années. Martin lui demanda si, à la fermeture du bureau, il viendrait lui aussi au Wellington boire le coup de l’étrier avec les collègues. Il accepta. Même s’il n’en n’avait aucune envie, en fait. Mais il devait accepter ces petits gestes sociaux. S’il se coupait aussi de ses collègues, sa solitude deviendrait complète. Il se rappela qu’il lui fallait mettre en évidence un autre document pour la rentrée, le trois janvier de l’année suivante. Onze jours de vacances, onze terribles jours de solitude… Mais il y survivrait. Bien ou mal. Comme toujours. «