Quatre paires de chaussures de randonnée et quatre sacs à dos sont alignés au pied du sentier qui monte dans les alpages. Trois filles et un garçon, une mère, ses enfants. — Cet été, ça vous dirait le tour du Queyras ? a demandé Camille à ses enfants. De Ceillac à Ceillac, sept jours, sept étapes. Dans un décor aux couleurs de rêve, parmi les marmottes et les chamois, sous le soleil ou la pluie, pendant le bivouac ou le pique-nique, au passage d’un col ou sur le bord d’un lac, Camille parle. Dans les lacets du GR 5 et de ses variantes, la vérité gravit les sommets d’un silence enfermé. Camille prend le temps de dire à ses enfants, son enfance, son adolescence ; de raconter l’indicible ; d’évoquer ces événements qui conduisent à passer du temps de l’insouciance à celui de la souffrance qui deviendra résilience et résistance. Camille existe. Elle se tait, elle se terre auprès de nous, devant nous. Nous la côtoyons chaque jour. Beaucoup de Camille se taisent. Quelques-unes brisent le silence.