Paul Effinger, fils d’horloger, quitte la province allemande pour chercher fortune à Berlin. Nous sommes en 1878, et l’essor de l’Allemagne de Bismarck offre de nouvelles opportunités aux ambitieux qui investissent dans l’industrialisation du pays, comme c’est le cas de Paul. Une alliance avec une autre famille, les Oppner, est nouée, et le succès est au rendez-vous. Les membres de ces familles et leurs alliés, une dizaine de personnages portraiturés par la plume vive de l’auteure, traversent ainsi la Grande Guerre, mènent la belle vie pendant les années folles, dans une capitale allemande plus cosmopolite que jamais, puis se voient confrontés à la montée de l’antisémitisme et l’arrivée au pouvoir de Hitler. Quatre générations sont ainsi évoquées, dans une narration rythmée qui fait avancer le récit par un montage rapide très cinématographique, mais n’éludant en rien les horreurs du xxe siècle. Les Effinger plonge le lecteur dans le monde disparu des juifs allemands comme peu de textes de l’époque, et il convient de souligner la valeur de témoignage de ce grand roman, nourri par l’histoire de la famille de l’auteure. Les débats et les divisions qui ont déchiré la société allemande sont ici incarnés dans un roman-fleuve. L'ouvrage est suivi d'une courte postface qui rappelle la genèse et l'écriture du roman, ainsi que le contexte historique et éditorial de sa publication.