Vita nostra brevis est, brevi finietur... « Notre vie est brève, elle finira bientôt... » « Bienvenue sur Raa, dit un homme émacié d’une quarantaine d’années, un moustachu au teint hâlé. Je suis l’officier des services de l’immigration. » Et Krokodile, Andreï Stroganov pour l’état civil, d’apprendre qu’à sa demande il a été « soustrait » à son existence sur Terre par un mystérieux Bureau universel de migration. À sa demande vraiment ? Et pourquoi ? Il ne se souvient de rien. Reste qu’il va lui falloir s’adapter dans une société dont il ignore les codes. S’adapter... ou plutôt s’affirmer. En commençant par revendiquer le statut de citoyen à part entière alors qu’il est sommé d’accepter celui de « dépendant » comme tous les migrants. Le temps des choix est venu. Jusqu’à celui qui l’engagera pour la survie de ce monde qui n’est pas le sien, un monde suspect de dépendre lui-même d’êtres ou de forces qui le régiraient à leur gré. Après Vita nostra et Numérique, Migrant clôt le triptyque des Ukrainiens Marina & Sergueï Diatchenko inspiré des Métamorphoses d’Ovide. Ils y confirment leur confondante maîtrise de l’ambiguïté, une valeur rarement cultivée en science-fiction avec tant d’adresse.