“Un jour, j’ai cessé de vivre. Mon corps chutait. Je disparaissais. Il fallait écrire l’inceste. Non pas écrire sur l’inceste. Mais écrire par l’inceste. Par circonvolutions. Par va-et-vient. Écrire par le chaos. Il était temps de “donner forme à la mémoire”. Je suis allée en Atlantique. J’ai rendu visite à mon oncle Yórgos. J’ai tout enregistré. Il disait, “dis-moi où et quand”. J’étais dans son pavillon, comme vingt-sept ans auparavant. Mon oncle m’exhortait de dire. Je me taisais. On disait qu’il était violent. On disait qu’il était armé. Dans cet espace clinique, les morts reviennent. Des guerres surgissent. La violence des générations anciennes nous traverse. L’instant de l’inceste demeure palpable. Alors, j’ai écrit Junon, mon double. J’ai écrit Yórgos. La frontière entre cette enclave atlantique et sa Grèce natale, que je n’ai jamais vue. J’ai écrit la famille. Par l’inceste, j’ai puisé dans notre violence un alphabet.”