» Ils m’ont placé dans cette bâtisse, entre hospice et hôpital, service des maladies infectieuses. Ils ne savent pas quoi faire d’un homme comme moi, du nom de Knut Hamsun, Prix Nobel de littérature. La justice piétine, tourne en rond, parle tout bas.
Je me doute bien que pour beaucoup de mes juges, il serait préférable que je passe de vie à trépas ou, tout au moins, que je bascule dans la sénilité.
On aimerait que mes opinions politiques relèvent de la psychiatrie. On cherche à cerner mon caractère, on pense que j’ai courbé l’échine devant
l’Allemand Terboven qui dirigeait notre pays pendant la guerre, et que j’ai baisé les pieds d’Hitler.
Grands dieux, ce n’est pas ce que j’ai fait. Ils disent que je suis un traître. Je suis un traître mais mon procès est reporté. Je suis un traître qu’ils ne veulent pas juger. »
Avec les armes de la fiction, Christine Barthe s’interroge sur la dérive tragique d’un écrivain de génie, suivant son héros de son arrestation jusqu’à la cour de justice. Dans un livre percutant, empreint de poésie et de mystère aussi, elle pose la question de l’engagement et de la responsabilité, sans jamais perdre de vue le caractère romanesque de ses personnages.