Délicatesse: ce n’est pas toujours une qualité en littérature, mais ici oui. Les questions sont hautement explosives, le texte, comme une toile tissée d’échos subtils ; la sirène est la métaphore filée qui nage avec un mouvement d’aiguille, dessus, dessous, on lie, on recoud, on répare, on avive, on suture, on plonge dans les abysses, le naufrage est toujours possible mais l’île n’est jamais loin. La cérémonie des adieux à la mère, pour reprendre la belle expression de Beauvoir, est au premier plan. La narratrice murmure, ne distribue pas des rôles de tragédiennes emphatiques aux femmes de sa famille, qui n’en auraient pas voulu. La voix est douce, apaisante. Parle tout bas, si c’est d’amour, au bord des tombes, écrivait P-J Toulet.