Fendre l’immensité de la mer ou la surface d’une piscine turquoise, les vagues bretonnes ou la douceur de la Méditerranée. Nager pour le plaisir de sentir son corps appartenir au royaume liquide, tels sont les couloirs de cette philosophie de la nage à laquelle nous convie Lucas Menget. Nager, contrairement à la natation, n’est pas un sport, mais une respiration, un art de vivre. Ce précis évoque à la fois les souvenirs personnels de l’auteur, sa découverte de la nage enfant sur une plage de Bretagne, ses « bains exotiques » à Bagdad pendant la guerre, à Sorrente la nuit, en Grèce avec les dieux de la mythologie ou dans l’Amazone avec les peuples autochtones qui ne craignent ni l’eau ni les crocodiles. Il y raconte également des anecdotes récoltées lors de ses reportages journalistiques, quand, par exemple, aux jeux olympiques de Séoul la championne Muriel Hermine lui fait découvrir la natation synchronisée. Aussi intrépide que Matthew Webb – le premier homme à traverser la Manche à la nage –, l’auteur ne recule devant aucun exploit. Il n’hésite pas à refaire le parcours nautique d’Edmond Dantès, le héros du Comte de monte Christo, entre le château d’If et le quai de Marseille. Lucas Menget expose le pacte secret passé avec les piscines, devenues même un lieu de plaisir clandestin pendant les confinements et ponctue cet éloge joyeux des bassins et de la mer de références à la peinture, à la musique, à la photographie (Jacques Henri Lartigue).